La disgrâce du dauphin

Alors que le Covid-19 et le couvre-feu imposé plongeaient Brayaville dans une obscurité oppressante, la demeure des Passiwa, elle, vivait une nuit encore plus noire. Un avion décolla, emportant à son bord le patriarche, désormais suspendu aux amarres fragiles de la vie, relié aux machines par de minces fils. Autour de lui, des bips sonores s’égrenaient, rythmiques et lancinants, tel un chapelet de prières murmurées par sa famille. Mais l’ombre s’étendait plus loin que la maladie. On avait décidé de convoquer Jerry Passiwa à la mort, avant son heure. Parce que fidèle ami du Président Dénis Monénembo et figure imposante, il se trouvait au cœur d’un engrenage implacable. Était-ce vraiment une crise ? Ou une machination savamment orchestrée, alliant science et ondes spirituelles ? Désormais, dans Brayaville, une araignée immense tissait sa toile autour de la famille Passiwa, n’hésitant pas à plonger ses fils dans la mixture de la magie. Trahison, pouvoir, mensonge…se heurtaient alors que loin des regards, dans la forêt où seuls les esprits règnent, le cauris fut jeté, le cola mâché, pour conjurer le sort. Mais entre les hommes et les esprits, qui l’emportera ? Jerry Passiwa survivra-t-il pour continuer de veiller sur les siens ?