Démocratie ou démocratisation ? L'Algérie semble être à cheval entre deux mondes parallèles qui ne se rencontrent pratiquement jamais. Transition à peine entamée, processus électoral avorté avant terme, élections truquées, fraudes massives, népotisme, horgra et corruption se conjuguent à merveille avec un quotidien des plus mornes. Le jeune d'aujourd'hui vit d'expédients, un être coincé entre un avenir incertain et un passé fort ambigu. " Où va l'Algérie ? " s'est interrogé il y a déjà longtemps avec tristesse feu président Mohammed Boudiaf. À proprement parler, la démocratie algérienne n'a plus de bout, elle est tel un chapelet interminable d'épisodes sombres dont seul le pouvoir tient les ficelles. Fort vulgarisés, ses actes sont souvent mis au devant de la scène médiatique. Largement décrié par la population, les médias alternatifs, les sites Internet, la presse pourfendeuse, le pouvoir algérien est sous les feux de la rampe. En toile de fond se profile l'ombre d'un pluralisme politique en trompe-l'oeil en guise d'appendice à une opposition politique qui est loin d'incarner l'idéal Jeffersonien propre aux USA. Pouvoir ambigu, économie rentière, opposition fantoche, population presque déprimée, jeunesse qui vogue dans le désespoir, l'Algérie incarne, à n'en point douter, "le syndrome des rêves perdus". Quelles en sont les raisons? C'est ce à quoi ce livre s'attèle à apporter un éclairage édifiant en passant en revue les principales étapes de la métamorphose démocratique algérienne depuis l'indépendance du pays jusqu'à l'arrivée du président Abdelaziz Bouteflika aux affaires avec son projet de concorde et de réconciliation nationale sans oublier les événements d'Octobre 88, l'arrêt du processus électoral en janvier 1992 et le cortège des malheurs de la décennie sanglante. L'état de pourrissement auquel est arrivé le système politique appelle à ce qu'il soit réformé en profondeur, et peut-être le contexte international actuel, émaillé par la chute des régimes autoritaires du Monde Arabe, parviendrait-il à faire vaciller le régime algérien sur ses bases. À ce titre, le processus démocratique enclenché il y a presque deux décennies, pourrait le cas échéant revenir à la table de négociation, mais cette fois la règle n'est pas la même qu'il y a quelques années car c'est au régime politique de faire les véritables concessions, contexte régional oblige. Mais, le printemps arabe pourrait-il accompagner l'hirondelle de la démocratie et mener à un pluralisme réel en Algérie ? Les défis sont énormes d'autant que rien ne se profile à l'horizon à l'heure présente.
