Dans les années 70 ont été publiées des thèses françaises d'État consacrées à Bennet, Wells et Shaw. Seul parmi les grands écrivains anglais de l'époque édouardienne, John Galsworthy n'avait pas encore fait l'objet d'une étude approfondie. L'auteur de The Forsyte Saga n'a pas eu beaucoup plus de chance dans les pays anglo-saxons. Huit livres on été publiés sur lui en Angleterre depuis la fin de la seconde guerre mondiale, dont quatre ou cinq de qualité. Mais il s'agissait ou bien d'études limitées à un problème particulier, ou de volumes de souvenirs, ou de « biographies » dans lesquelles se trouvent mêlés un récit plus ou moins romancé, un portrait et des remarques sur l'œuvre.La thèse d'Alec Fréchet vient combler cette lacune d'autant plus fâcheuse que la renommée du Prix Nobel 1932, après avoir subi une éclipse, jouit depuis une dizaine d'années d'un remarquable renouveau. La version télévisée de The Forsyte Saga, diffusée à plusieurs reprises par la B.B.C., a remporté un immense succès, et a été retransmise par quarante pays, dont la France et l'U.R.S.S. La vente des romans a pris des proportions jamais atteintes du vivant de l'auteur.Alec Fréchet soumet ces vingt romans à une étude systématique et minutieuse. Pour saisir la pensée Galsworthy et juger de son art sous tous ses aspects, il explore l'œuvre entière, les contes, les nouvelles, le théâtre, les essais, les poèmes — une trentaine de volumes.Homme sensible et raffiné, le créateur des Forsyte a su tirer parti de sa connaissance de la grande bourgeoisie, dont il était issu, pour écrire des récits à la fois personnels, poétiques et d'un grand intérêt historique et social.De naturel inquiet, Galsworthy a bien décrit ses romans lorsqu'il écrivit qu'ils étaient « frappés de remords ». À une époque où la grande bourgeoisie donnait le ton, c'est toute la société victorienne et édouardienne qu'on trouve évoquée dans ses récits.
