Oui, Napoléon Bonaparte a rétabli l?esclavage, après de longueshésitations. Oui, les généraux envoyés par lui aux Antilles ont férocementréprimé les révoltes des Noirs et des mulâtres. Mais c?est à ne pasreplacer ces faits dans leur contexte que l?on perd le fil de l?histoire.C?est en oublier que le projet de Napoléon était d?abord géopolitique,que son ambition était « mondiale ». C?est ignorer que le rétablissementde l?esclavage intervient dans un monde où l?abolitionnisme balbutiait,son coût économique étant jugé insupportable par un secteur quiemployait alors un Français sur dix.Privilégier l?hypothèse « raciste », lire l?histoire à l?envers, d?aujourd?huià hier et - pourquoi pas ? - à avant-hier, ne peut que contribuerà une utilisation déréglée d?une mémoire pourtant si utile lorsqu?elle nese confond pas avec le militantisme partial.Empoignant à bras-le-corps une affaire qui, c?est vrai, en a embarrasséplus d?un avant eux, Pierre Branda et Thierry Lentz ont repris le dossierde l?esclavage et des colonies pièce par pièce, à l?aide d?une documentationcomplète, parfois inédite. Comme toujours en histoire, ils entirent un bilan qui n?a que faire des bons sentiments (sinon ils neseraient pas historiens !).