RFP 2016, t. 80, n° 3

Toujours présenté par Freud dans sa symétrie ou dans son association avec le masochisme, le sadisme est cependant moins « aimé » des psychanalystes, moins fréquent dans les récits cliniques. Serait-il plus difficile de lui accorder sa place, même du côté des fantasmes, parce qu'il n'a pas un rôle analogue dans la constitution du fonctionnement psychique ? Ou en raison de ses manifestations agies et de l'assimilation qui en est faite au mal lui-même ? Ou encore en raison du contre-investissement par l'analyste de ses manifestations ? Pourtant, du divin marquis qui lui a donné son nom à la comtesse de Ségur, de Proust aux romans policiers les plus sanglants, la littérature est en remplie, mêlant actes et fantaisies, cruauté des enfants, violences et atrocités en tous genres des adultes. Pour Freud, la « disposition à toutes les perversions est quelque chose de profond et de généralement humain », et le sadisme intimement lié à l'emprise, à la composante agressive de la pulsion sexuelle et à la destructivité. La question se pose par ailleurs de façon récurrente de savoir si cette disposition est première, ou s'il y a une antériorité du masochisme. Mais sadisme et masochisme demeurent des composantes fondamentales des pulsions ; ils sont au coeur de la vie fantasmatique et de la clinique.